20190117

La communauté est comme un tissu


La communauté est comme un tissu qui s’élabore,
Un tissu dont je ne sais pas ce qu’il sera,
Mais qui, autour de nous, peu à peu se tisse,
Sans modèle ni dessin savant.

Dans ce tissu, je peux être un fil,
un trait de couleur…
Bleu profond ? Rouge éclatant,
Ou bien le fil de lin gris ?
Cette troisième couleur, au dire des tisserands,
Est la plus importante :
Le gris neutre de tous les jours,
Celui qui fait chanter le bleu profond
et le rouge éclatant,
Celui qui est porteur d’harmonie.

N’avoir que ma propre couleur et de cela me réjouir,
Pour qu’elle apporte la joie et non la rivalité,
Comme si moi, bleu, j’étais l’ennemi du vert,
Comme si j’étais, moi, ton adversaire !

Et ceux qui ne peuvent
ou ne veulent pas entrer avec nous
Dans l’ouvrage ? Irai-je,
les précédant, leur faire place,
Pour qu’ils viennent librement
de leurs propres couleurs
Se mêler au dessin ?

Il y a une place pour tous.
Et chaque fil vient apporter une continuité :
Non seulement ceux qui sont à l’origine du travail
ont été tendus d’un support à l’autre, mais chaque fil.

Un fil vient à rompre : aussitôt le travail arrête,
Et les mains patientes de tous les tisserands
s’appliquent à le renouer.

Chaque fil, même le plus lumineux,
peut disparaître, tissé sous les autres.
Il est cependant là, non loin,
même si notre œil, ne le perçoit plus…

Maintenant, c’est au tour du mien
d’être lancé à travers la chaîne.
Quand son trait aura cessé d’être visible,
alors toute l’harmonie apparaîtra,
Harmonie de ma nuance
mêlée à toutes les autres qui l’accompagnent,
Jusqu’à ce qu’elle disparaisse.

Je ne sais ce qu’il adviendra de ce tissu.
Le saurai-je jamais ?

Un tisserand de Finlande


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